Voilà un surprenant objet, propulsé très rapidement au rang d’icône internationale, qui symbolise tant l’imagination décapante d’un designer hors du commun, Philippe Starck, que le savoir-faire de la maison Alessi. Le Juicy Salif, ce presse-agrumes mi-araignée mi-fusée, dont la première édition fut conçue en 1987, ne cesse depuis d’entretenir son mystère. Retour sur 25 ans de renommée mondiale.

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Juicy Salif, icône domestique conçue par Philippe Starck

Si on ne présente plus Philippe Starck, l’un des designer français les plus talentueux et mondialement reconnus de sa génération, c’est qu’il a été le premier à mettre en avant l’importance de l’esthétisme dans nos objets du quotidien. Loin d’être élitiste, l’artiste aux multiples talents poursuit depuis toujours sa volonté de mettre la création à portée de tous.

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C’est dans cette même veine que naquit le Juicy Salif, presse-agrume le plus célèbre de l’histoire de l’art, entré depuis les années 1990 dans les collections de près de vingt musées du monde entier, dont le MoMA de New York et le Centre Georges Pompidou à Paris.

La légende qui l’entoure raconte qu’Alberto Alessi, fondateur de la société italienne du même nom, avait commandé un tout autre objet à Starck, pour lequel il ne se trouvait que peu inspiré. Ce qui semble assez sûr en revanche, c’est que Starck esquissa les premières ébauches du Juicy Salif sur une serviette en papier d’un restaurant de l’Ile de Capraia où il dégustait une assiette de calamars.

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Objet de design, objet de controverse

« A votre avis, qu’est ce que c’est ? » Telle fut la question posée par un professeur d’université de Bologne (Italie) à ses étudiants en Sciences de la communication, en présentant le Juicy Salif de Philippe Starck. A en croire la diversité de leurs réponses, allant du hameçon pour baleines au chasse-mouche, en passant par le vibromasseur métallique, on comprend que la fonction première de cet objet déroutant n’est pas de presser des citrons mais de stimuler des conversations.

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En effet, si original qu’il soit, le Juicy Salif remplit finalement assez mal sa fonction initiale, celle de presser les agrumes. Peu pratique, encombrant, onéreux, et s’il faisait plus parler de lui qu’il n’était utile ?

C’est ce que son créateur a toujours assumé, déclarant lui-même à son propos* : « On ne peut pas dire que ce soit un excellent presse-agrumes, mais ce n’est pas là sa seule fonction. J’ai pensé que c’était le genre de chose qu’un couple pourrait recevoir comme cadeau de mariage. Ainsi, lorsque les parents du nouveau marié viennent chez eux, lui et son père peuvent rester assis dans le salon pour boire une bière en face de la télévision, tandis que la nouvelle belle-mère et sa femme s’asseyent dans la cuisine pour commencer à mieux faire connaissance. « Regardez le cadeau que nous avons reçu, dit la mariée ». Et c’est ainsi qu’elles commencent à bavarder ensemble. »

Juicy Salif, de l’original aux multiples déclinaisons

Moulé à l’origine en fonte d’aluminium, le Juicy Salif, tripode extra-terrestre d’environ 30 cm de hauteur, a été édité en édition limitée plaqué d’or 24 carats pour ses 10 ans, et en fonte d’aluminium blanche pour fêter ses 25 ans.

Son look martien a tellement stimulé l’imaginaire collectif, qu’il s’affiche tant sur les couvertures des livres d’histoire du design, qu’en oeuvre de street art ou encore tatoué sur une épaule anonyme.

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Avec le Juicy Salif, le designer Philippe Starck a créé un objet passionnant, tant par les mystères qu’il entretient que par les fantasmes qu’il véhicule.

Chez Arthur Bonnet, nous apprécions son intemporelle audace qui apporte un indéniable cachet à une cuisine ouverte sur l’espace à vivre. Un bel exemple en images partagé par le magasin de cuisines Arthur Bonnet à Béziers où le Juicy Salif s’intègre à merveille dans l’univers graphique d’une cuisine design et épurée.

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*Conway Lloyd Morgan, Starck, New York, Universe Publishing, 1999 (tr. it. Starck, Milan, Rizzoli, 1999, page 9.

Crédits photos : Starck.com